Quand l’histoire fout le camp …
Aujourd’hui n’est pas une journée propice à l’humour ou à la gaité.
Aujourd’hui n’est pas non plus une journée propice aux frivolités, au projet, ou au quotidien …
Aujourd’hui, j’ai appris une bien triste nouvelle.
Je vous rassure tout de suite : je vais bien ! Charlinette va bien ! Superpapa va bien aussi !!
Non aujourd’hui, c’est mon cœur qui saigne, car il est triste …
Triste car on va acheter une partie de son histoire, de mon histoire … Ou du moins : L’histoire de ma famille.
Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de vous en parler mais il n’est jamais trop tard n’est-ce pas ?
Donc parlons un peu de mon histoire ou plutôt de l’histoire de ma famille, de mes ancêtres …
Mon père est né en région parisienne en 1949, il y a donc maintenant un peu plus de 60 ans (…), mais est issu d’une famille rurale.
En effet, mon grand-père est né à la ferme, ou plutôt devrais-je dire au moulin, comme l’était avant lui né mon arrière-grand-père et mon arrière arrière grand-père … et ceux depuis le 19ème siècle.
Mon grand-père, comme beaucoup d’autre à cette époque, est « monté » sur Paris pour trouver du travail (le fameux exode rural …).
Une fois sur place, il y a rencontré ma grand-mère, une pure parisienne du 20ème arrondissement. Tous deux se sont mariés et ont donc élevé leurs 4 enfants.
Ce moulin auquel je fais référence un peu plus haut, c’est pour moi mais surtout pour mon père, le symbole de la famille, de nos racines, et bien sur de très beaux souvenirs …
Des vacances d’enfance, des rires, de la joie et la famille !
Cette famille si chère à mon cœur. Mon essence, mes racines !
Je n’ai pas perdu une miette des anecdotes dont mon père est friand une fois son regard posé sur l’édifice, une fois son pied posé sur cette terre gorgé de souvenir …
Lozère si cher à mon cœur …
Et aujourd’hui, après le ressent décès de mon grand oncle, après les multiples héritiers inconnu à nos yeux, ce moulin va être vendu.
Adieu terre de recueillement !
Adieu nostalgie au combien agréable de chacune de nos rencontres !
Adieu souvenir si cher à mon cœur !
Je n’y ai pas mis un pied depuis 2003, mais comme je le regrette aujourd’hui !!!
Je ne le reverrai sans doute jamais ou juste de loin …
Je suis pleine de regrets ... Si j’avais su ... si …
Ca me coute de n’avoir pas la somme pour le racheter !
J’ai bien proposé à mon père de contacter ses frères et sœur, et avec ma sœur, mes cousins et mes cousines, de tous nous associer !
Mais non, les travaux sont trop lourds, et le passer va donc s’envoler …
Je suis bien triste de ne pas avoir cette somme, bien triste de ne pouvoir offrir à mon père la préservation de ses souvenirs, et celle du patrimoine de la famille ... Pour lui, pour moi, pour mes oncles et mes tantes …
Un patrimoine qui après plus de 200 ans va partir loin ... très loin … et à jamais.
Pour en avoir parlé aujourd’hui avec mon père à demi-mot, je sais que cette vente l’affecte … Lui et moi, on est pareil ! Et puis, je le connais mon papounet, je sais ce qu’il ressent ! Mais comment faire autrement ???
Seule consolation, une clause a été ajoutée par l’ensemble des héritiers sur l’acte de vente : Le futur propriétaire s’engage à ne pas démolir l’édifice (rien qu’à l’imaginer, j’en ai la chair de poule !!) et s’engage à l’entretenir.
Faible consolation, mais consolation tout de même … L’âme de notre histoire restera debout.
Au fond de moi je sais que c’était inévitable. Qu’un jour ou l’autre, le moulin ne serait plus a « porté de main », mais ça me semble si soudain …
Et puis, comble de tristesse, Charline ne verra jamais d’où les origines de sa maman sont partie ...
Elle ne verra jamais ces champs vallonnés à perte de vue, la roue tournée, la farine se fabriquer, l’eau de la Truyère polir les rochers, ou encore la cheminée en granite nous émerveiller...
On pourra tenter de lui expliquer, de lui monter quelques photos volées de l’époque. (Si peu …)
Et puis, inévitablement, elle oubliera, car le moulin ne fera jamais partie de son histoire à elle …
Il me semble déjà si loin à moi ….
